Jean Pérol : Shunghas ou les estampes préservées, un poème érotique extrait de Ruines-mères.

Jean Pérol, Shungas ou les estampes préservées
un poème extrait du recueil Ruines-mères

Le trait est clair de lune et de mer emmêlés
d’ombres et de blancs au mystère excités
 
elle a noué ses jambes autour des reins qui s’arquent
elle a noué ses bras au cou de son amant
 
il la porte debout dans le rythme des vagues
et c’est deux fois la mer en elle et autour d’eux
 
à son torse elle agace les dauphins de ses seins
se soulève et puis s’ouvre sur le sexe dressé
 
vers le bord des baies noyées des lueurs de villes tremblent
phosphorescente la mer d’été sur leurs corps met des voies lactées
  
corps immergés et disparus dans tout l’obscur et cet écart
jusqu’au fond d’eux ils ne sont plus que l’univers qui se cadence
 
flots ciel et sang pins et bambous griffés de lune
cerclent la nuit de frissons noirs
 
glissements d’eau et de la peau langue à langue sans mots
sa croupe mince dans les mains si légère sous les flots
 
elle le gaine elle se comble de tout son sexe qui l’exige
frénétique et très divine écartée jusqu’à la garde
 
alors au fond d’un ventre liquide comme la mer
au coeur du tourbillon des vies multipliées
 
par les deux hanches au plus étroit soudant l’entaille contre lui
sous la voûte universelle il lance en elle sa semence.

Jean Pérol, Shunga 6, extraits de Ruines-mères, Cherche Midi, 1998


Page précédente — Imprimer cette page — Page suivante