Le tour des amis proposé par Pierre Perrin

Pierre Perrin offre des pages à ses amis

interdiction

Interrogé sur ses motivations, l’artiste écrit « pour aimer ». Or aimer, c’est s’ouvrir, s’offrir, se partager. C’est se tendre hors de soi pour se trouver peut-être. Mais c’est un déhanchement, une bascule, une petite mort. Être aimé, c’est être traversé, bousculé. C’est tout, sauf une récréation. Le désir est d’un autre ordre ; il est le désordre. Or l’artiste est d’abord, sinon un météore, une absence en fusion. Il attend la traverse ; il veut la traversée et qu’on s’agrège à son errance. Il veut ce que veut la vie : la multiplication. Il touille le charisme dans l’encrier ; il le fait « tiaffer ». Il s’éclabousse lui-même. Il postillonne ce qu’il prend pour du feu, l’antichambre de l’or. Dans cet à-bras-le-cœur, qu’il s’arrache pour sa plus grande joie, il respire. Cela, c’est ce qu’on dit et qu’on croit. C’est suspect. C’est la peau qu’il faut interroger. Les stigmates n’ont plus cours. L’essentiel reste coi, toujours, et c’est très bien ainsi.

Qu’est-ce donc que donner à lire ce qui s’écrit à mains nues, proche de soi ? Le propre d’un trésor est qu’il est sans limite. Une lampe n’est pas faite pour accaparer les regards, mais pour éclairer. La beauté regarde l’univers et c’est pourquoi l’univers la regarde. Un site est de cet ordre. Il ne prend pas ; il donne. Voici donc des amis, certains vivants, d’autres à cheval sur les siècles. Les lire, c’est prendre corps, c’est vivre. La culture est, sinon un râtelier, un buffet pour affamés. Les délices commencent à la racine et grimpent dans les arbres. Ils sont du roc et des pollens. Ils sont le goût en quête de sa propre quintessence. Découvrons donc des extraits qui appellent des œuvres. Voici, selon l’humeur, la poésie, la prose, le jeu, l’incantation, la réflexion.

Pierre Perrin — Décembre 2002


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